Biographie
FLOW
On ne devient peintre ni par distraction, ni même par hasard… On l’est.
Aussi loin qu’il s’en souvienne, Arnaud Florentin, né en 1978 à Nancy et connu de longue date sous le nom de Flow, a toujours dessiné, peint ou sculpté. La peinture est pour lui une raison d’exister, la seule manière de s’exprimer pleinement et d’être lui-même. Un engagement jusqu’à l’oubli de soi.
Ses années lycée, irradiées par la pratique des graffitis et de la peinture à la bombe, ont été celles d’une explosion libertaire des couleurs et des grands formats. Flow en gardera pour toujours l’esprit d’insoumission, solidement ancré dans son travail, même lors de cinq années passées à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Nancy où il obtiendra un Master avec mention en 2004. Pour cet artiste de la performance, pas question en effet de cesser de peindre et de graffer, au prétexte d’un cursus à suivre et d’un diplôme à obtenir ; il lui était impossible de concevoir une autre vie que celle-là, qui ne fût animée d’un mouvement né de l’instinct, une vie dont les rêves multicolores ou monochromes sont une nourriture spirituelle de chaque jour.
« Ma peinture est simple : je peins des sentiments et des émotions à transmettre. Elle doit vivre, déborder, exploser, surprendre, toucher l’âme, être libre, traduire ma personnalité et mes aspirations ». Ce qui ressemble trait pour trait à une profession de foi s’exprime chez Flow sous des formes multiples, parmi lesquelles le portrait occupe une place prépondérante. Et si les visages l’ont toujours fasciné, sa rencontre avec le travail de Yan Pei Ming et sa peinture, épaisse et puissante, se révélera décisive. Ainsi verra le jour une série de portraits à la brosse, en noir et blanc, qui laissent apparaître les premières éclaboussures sur la toile frappée par le peintre. « Je projetais la peinture avec ma brosse, pour donner plus de force et de mouvement à mes personnages ».


Une expression picturale à ce point fiévreuse, engendrée sous la pression d’une urgence qu’il n’est pas question de dominer au risque de l’affadir, ne pouvait manquer d’attirer l’attention sur le travail de Flow : premières expositions dans des bars et restaurants, mais aussi premiers live paintings avec des amis DJ, partenaires privilégiés d’un processus créatif au cœur duquel vibre une corde musicale sous-jacente : « Je travaille beaucoup en musique, elle m’accompagne dans toutes mes créations, elle me conditionne et me transporte ».
Flow maîtrise un grand nombre de techniques, mais c’est sans nul doute le dripping, celle consistant à laisser la peinture s’égoutter, qui hante le plus son œuvre et va asseoir sa renommée : « À force de jeter de la peinture sur la toile au pinceau, j’ai décidé de travailler uniquement en la projetant, en la versant, sans toucher le support ». La consécration ne se fera pas attendre longtemps : très vite, après ses premiers portraits en 2006-2007, Nancy Jazz Pulsations lui confie le soin de réaliser l’affiche de son édition 2008. Musique, encore et toujours, quand tu nous tiens…
Au cours des années qui suivent, il participe à des salons d’art contemporain, se fait connaître à l’autre bout du monde, jusqu’en Corée ; il expose ses œuvres dans des galeries et continue d’approfondir sa technique en peignant des visages, connus ou anonymes, des jazzmen, des boxeurs, des vanités ou des scènes urbaines. Celles-ci nous rappellent son ancrage dans un monde contemporain marqué tout autant par une frénésie de modernisme que par l’inquiétude face à un avenir aux contours incertains où la violence affleure.
En 2015, Flow expose dans différentes galeries, en France comme à l’étranger et c’est lui qui réalise le visuel du festival « Solidays ». Une nouvelle reconnaissance et, plus que jamais, une foule de projets en tête qui témoignent de la créativité d’un artiste en symbiose avec une époque dont l’âpreté convoque toutes les forces de l’imagination comme une nécessité. À ce jeu existentiel, il ne fait aucun doute que le nancéien est passé maître : les années à venir ne feront que confirmer un talent dont l’épanouissement s’accomplit d’ores et déjà sous nos yeux, qui ne demandent qu’à être éblouis, encore et toujours !
Denis Desassis